Paris Match | Publié le 16/06/2020 à 02h00 Pauline Lallement

Kai Lenny, l’un des meilleurs surfeurs de sa génération, vole au-dessus de l’eau. On le voit fendre la mer, poussé par un aileron doté d’un moteur à propulsion électrique caché sous sa planche. Cette drôle de machine, c’est la dernière révolution dans le monde du foil. Après le windfoil, le stand up paddle foil ou encore le kytefoil, l’e-foil débarque sur les eaux.
La marque française Takuma s’est à son tour lancée dans la course à l’électrique. Les fondateurs, Thomas Bevilacqua et Cyril Coste, ancien champion du monde junior de kitesurf, ont développé pendant deux ans des prototypes avant d’aboutir à un modèle satisfaisant. « Cette planche donne la sensation de voler, un peu comme sur un wakeboard mais sans le frottement avec l’eau », explique Thomas Bevilacqua. Nul besoin d’un permis bateau, ni de s’appeler Kelly Slater pour l’apprivoiser. Une télécommande waterproof dans la main, comme pour un skate électrique, reliée par Bluetooth au moteur, permet de mettre un peu de puissance. Et c’est le boost ! Il faut alors maintenir la vitesse en appuyant sur la gâchette pour décoller. Au début, les accélérations surprennent et les chutes sont inévitables. Puis vient la maîtrise, toujours sans grand effort physique. En moins de dix minutes, le plus novice trouve l’équilibre et peut connaître cette sensation de glisse. La batterie de 35 000 mAh, qui se loge dans la planche, offre une autonomie d’une heure et demie. Elle se recharge en trois heures. La télécommande indique en temps réel le niveau de batterie et sert à choisir sa vitesse de croisière grâce à une molette.
Sans aucune nuisance sonore ni pollution de l’eau
Ces dernières années, le surf s’est énormément démocratisé et ses adeptes ne sont pas toujours des experts. Les concepteurs de Takuma tiennent à rassurer les pros. « L’e-foil n’ira pas envahir les spots des surfeurs. Ce n’est pas fait pour ça », précise Thomas Bevilacqua. En mer, sur un lac ou une rivière, le foil électrique s’utilise partout où il n’y a pas de vagues. Sans aucune nuisance sonore ni pollution de l’eau, l’e-foil pourrait remplacer les bruyants Jet-Ski, et même contribuer à réduire les embouteillages en ville. « Quand les modèles seront plus légers, plus ergonomiques, cela deviendra un moyen de transport individuel sur les cours d’eau », prédit Guillaume Barucq, médecin généraliste à Biarritz, spécialiste du monde du surf. Certains imaginent déjà des scénarios dignes de « Waterworld ». Avant de voir des hordes de surfeurs en costume cravate sur la Seine, l’e-foil pourra s’essayer dans de nombreux centres de location et clubs de plage, un peu partout dans le monde.
“Un nouveau moyen de transport”
Cyril Coste, cofondateur de Takuma
Paris Match. Quelles ont été les plus grandes difficultés de fabrication ?
Cyril Coste. On savait faire un foil classique, mais on a dû l’adapter à l’électrique. Pour ça, on a travaillé avec une société spécialisée dans les systèmes de communication sous l’eau, comme les talkies-walkies amphibies. Il a fallu aussi développer des batteries : c’est la même technologie de pointe que celle utilisée pour les moteurs Tesla, mais en plus petit et dans une boîte hermétique.
Quel avenir espérez-vous pour l’e-foil ?
Je suis convaincu que de nouvelles habitudes de transport vont débarquer. Avec de nombreux acteurs qui cherchent à disposer de batteries moins lourdes (aujourd’hui elle pèse 12 kilos) et moins chères, l’e-foil va se démocratiser et devenir de plus en plus accessible.
Premier prix : 6990 euros.
