
Portrait de Napoléon Ier à Sainte-Hélène par Charles Auguste Steuben (Musée Napoléon de l’île d’Aix) – La tombe de Napoléon Bonaparte sur l’île de Sainte-Hélène en juin 1981
France 3 consacre son «Secrets d’Histoire» à l’exil de l’empereur Napoléon Ier à Sainte-Hélène. L’occasion de voir son premier tombeau, avant que sa dépouille ne rejoigne Paris et les Invalides.
Son impressionnant tombeau sous le dôme des Invalides à Paris en a effacé le souvenir. Pourtant, Napoléon Bonaparte eut une première tombe, à des milliers de kilomètres de là. Lorsque l’ancien empereur des Français s’éteint, le 5 mai 1821 à Sainte-Hélène où il vit en exil, il est inhumé sur place.
Se doutant bien que les Anglais, dont il était le «prisonnier» sur cette île perdue au milieu de l’Atlantique sud depuis près de six ans, n’autoriserait pas, à sa mort, que son corps soit rapatrié en France, Napoléon avait lui-même choisi son lieu de sépulture. Il avait jeté son dévolu sur la vallée du Géranium, située non loin de Longwood House, la demeure où il était en résidence surveillée.

«Le 9 mai 1821, escortée par les compagnons, la dépouille de l’Empereur chemine vers ce premier tombeau, tandis que la garnison anglaise lui présente les armes. Comme les Français et le gouverneur n’ont pas réussi à s’entendre sur l’inscription à graver sur sa tombe, il repose sous une simple pierre nue», raconte Stéphane Bern dans l’épisode de «Secrets d’Histoire» consacré à son exil à Sainte-Hélène et diffusé ce lundi 19 avril 2021 sur France 3 à 21h05. Le cadavre de l’ancien homme d’Etat a été placé dans quatre cercueils imbriqués, recouverts de terre, de graviers et de ciment.
Un procédé chimique a permis la conservation du corps de Napoléon
Napoléon restera enterré là durant presque vingt ans. Jusqu’au 15 octobre 1840, date à laquelle il est exhumé en vue du «retour de ses cendres» dans la capitale française, selon sa dernière volonté: reposer à jamais sur les bords de la Seine. «L’ouverture de la tombe est particulièrement longue et pénible, le gouverneur Hudson Lowe ayant mis tout en œuvre après l’enterrement de Napoléon pour faire en sorte que personne ne vienne jamais essayer d’arracher à la terre les restes de celui qu’il appelait le voisin ou le général Bonaparte», rappelle, dans l’émission, Emilie Robbe, conservatrice en chef au Musée de l’Armée à Paris. «Les travaux ont lieu de nuit, à la lueur des flambeaux. Il va même pleuvoir averse à un certain moment. Et puis on va procéder à l’identification, puisque c’est ce qui avait été décidé, donc on va ouvrir les cercueils de Napoléon», précise pour sa part Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon. «Ces cercueils imbriqués les uns dans les autres provoquent un vide d’air. Donc on doit percer des trous dans le dernier cercueil afin de permettre au gaz de s’échapper pour, enfin, ouvrir le dernier cercueil», ajoute Léa Charliquart, commissaire d’exposition au Musée de l’Armée. Et là, surprise. «C’est un Napoléon presque vivant. Un procédé chimique à l’intérieur du cercueil et de la tombe presque hermétiquement fermée a eu lieu qui a permis la préservation, confinant presque à l’embaumement, des chairs de l’Empereur», explique Emilie Robbe, soulignant: «et c’est lui qu’on retrouve, comme si il s’était endormi pour vingt ans».

Le cercueil de Napoléon a rejoint les Invalides sur un impressionnant char funèbre
Paris Match | Publié le 20/02/2021 à 20h05 |Mis à jour le 21/02/2021 à 17h05 Dominique Bonnet

Le 15 décembre 1840, c’est au sommet d’un impressionnant char funèbre que le cercueil renfermant le corps de l’empereur Napoléon Ier traversa Paris pour rejoindre les Invalides, son dernier tombeau.
Le 5 mai 1821, Napoléon Bonaparte rendait son dernier soupir sur l’île de Saint-Hélène où il avait été exilé. Avant de mourir, il avait exprimé son souhait de reposer à jamais sur les bords de la Seine. Il faudra attendre près de 20 ans pour voir cette dernière volonté exaucée.
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Ramenée à bord de la frégate «La Belle Poule», sous la responsabilité du duc de Joinville, le troisième fils du roi des Français Louis-Philippe alors sur le trône, la dépouille de Napoléon Ier arrive à Cherbourg le 30 novembre 1840. Elle est alors transférée sur le navire fluvial «La Normandie» qui la mène au Havre, puis sur «La Dorade». Remontant la Seine, ce bateau rejoint Courbevoie le 14 décembre. L’inhumation aux Invalides est fixée au lendemain. Et c’est en très grande pompe, sur un impressionnant char funèbre, que, ce jour-là, le corps de l’ancien empereur rejoint sa dernière demeure, alors qu’il neige sur Paris comme le raconte Franck Ferrand dans son récit sur «le retour des cendres» publié dans son nouveau livre «Portraits et destins», paru aux éditions Perrin*.
Un bataillon de vétérans de la Grande Armée suivait le char funèbre
«Le char, immense, tiré par seize chevaux caparaçonnés d’or, croule sous les allégories, les enseignes, les drapeaux de gloire, parmi les tentures semées d’abeilles et les “N” festonnés de lauriers ; à son sommet, une vingtaine de Victoires, cariatides géantes, portaient sur un vaste pavois le cercueil drapé de crêpe», décrit l’auteur. Après être passé sous l’Arc de Triomphe inauguré seulement quatre ans auparavant, le convoi descend les Champs-Elysées et tourne à droite en direction des Invalides, sur l’autre rive de la Seine, où doit se tenir une cérémonie. «La foule applaudit au passage du cortège, crie, chante – puis elle se tait, émue, en découvrant, derrière le char monumental, tout un bataillon de vétérans chenus de la Grande Armée, aux uniformes défraîchis, et qui donnent le sentiment d’avoir surgi pour l’occasion, d’un chapitre déjà lointain de l’Histoire…», poursuit Franck Ferrand.

Le cercueil impérial sera exposé durant trois semaines dans l’église des Invalides, pour permettre à la foule de venir se recueillir. Le corps de Napoléon Bonaparte sera ensuite déplacé, le 6 février 1841, dans la chapelle Saint-Jérôme et déposé, seulement deux décennies plus tard, le 2 avril 1861 sous le Second Empire, dans le majestueux tombeau où il repose à jamais.
* «Portraits et destins» par Franck Ferrand, éditions Perrin, en partenariat avec le magazine «Historia», février 2021, 300 pages. En vente au tarif de 19 euros. On y retrouve 20 histoires qui avaient, pour l’essentiel, été écrites par l’auteur pour «Historia», de la bataille de Salamine au début du Ve siècle avant Jésus-Christ au premier pas d’un homme sur la lune en 1969.